Ziggy
Ziggy
Ziggy est le personnage qui incarne le plus la question de l’élévation sociale. Opportuniste, changeant, instable, il est cependant un personnage solaire et attachant reflet d’une génération en quête de lumière. C’est « un garçon pas comme les autres » qui n’a qu’une ambition: passer dans l’émission Starmania et obtenir son quart d’heure de gloire qui lui fera accéder au monde du haut (sphère de l’élite et de la haute bourgeoisie de Monopolis). Pour quelques secondes de lumières, il laissera tomber son amie Marie-Jeanne qui l’aime en secret.
« J’ai passé l’audition pour Starmania en avril 2021. C’est mon meilleur ami Mehdi qui m’avait forcé à m’inscrire. Il était persuadé que le rôle de Ziggy était fait pour moi Paradoxalement, alors que je connaissais de nombreuses chansons de Starmania, je ne connaissais pas celles de Ziggy. Je les ai écoutées et je les ai aimées. Et j’ai envoyé une vidéo… Le lundi suivant, je venais auditionner. J’ai été retenu pour le workshop. On a travaillé pendant une semaine à la salle Pleyel. La réponse définitive est tombée trois mois plus tard, en septembre 2021: j’avais décroché le rôle. C’était le jour de la Saint Adrien ! Autre signe: le jour où j’ai participé au workshop, Thomas Jolly a saisi mon bras pour voir mon tatouage. Il symbolise Saturne. Or, il s’avère que la pochette de l’album québécois de Starmania version 1988 représentait ce dessin à l’identique ! Je n’avais pas non plus la prétention de savoir danser; je sais bouger, mais de là à être danseur c’était plus compliqué. Maintenant, grâce au travail de Sidi Larbi Cherkaoui et de son assistant Kevin, je me sens très à l’aise sur scène. Je commence à maîtriser mon corps.
Ziggy est un sacré personnage. Pourtant, je n’ai jamais eu la sensation d’avoir à me forcer pour entrer dans le rôle. Ce jeune «fils à maman» qui a toujours rêvé être une star—et quand je dis «star», c’est avec un «S» majuscule. Néanmoins, ce Ziggy est un mythomane capable de marcher sur tout le monde pour y arriver. Son besoin effréné de «fame», de reconnaissance, va le mener à la mort…
D’une certaine manière je me reconnais en lui lorsque j’étais plus jeune. En plus—et il ne faut pas l’oublier—ce Ziggy est «un garçon pas comme les autres». Je n’ai jamais eu de problème avec le fait d’accepter qui j’étais et de vivre avec mon homosexualité. Pour Ziggy non plus, il n’y a pas de malaise. C’est complètement assumé. Il a un côté frivole et il est tellement narcissique et égoïste qu’il se fout totalement de ce que pensent les gens. Il sait que Marie-Jeanne est éperdument amoureuse de lui et il s’en fout… Il y a entre eux ce fameux duo d’adieu où il lui annonce qu’il s’en va et où il prononce cette phrase imparable, définitive: «à quoi ça sert de vivre s’il faut vivre sans amour ?». Marie-Jeanne est la seule personne sur laquelle il peut compter et il l’abandonne !
C’est un plaisir de travailler avec Thomas Jolly. Cet homme est un génie. Avec lui on est au-delà du talent. Il n’a pas besoin d’expliquer les choses pendant une heure. Il exprime son ressenti et sa vision avec tellement de simplicité et de précision qu’on comprend tout de suite où il veut nous emmener. En quelques mois de travail, je sens que j’ai énormément évolué et ce n’est que le début, je l’espère. »
Crédit photo : ©Anthony Dorfmann